Partenaires mais rivaux…

Quand on parle de contrôle des polices, on songe le plus souvent au Comité  » P « , le Comité permanent de contrôle des services de police, créé en 1991 et dépendant directement du Parlement. Mais il existe un autre service, nettement moins médiatisé, l’AIG ( Algemene Inspectie Inspection générale). Suite aux  » accords Octopus  » sur la réforme des services de police (1998), l’Inspection générale a été complètement détachée de la gendarmerie et placée sous l’autorité des ministres de l’Intérieur et de la Justice (pour les matières judiciaires). Cette nouvelle Inspection générale a négocié avec le Comité  » P  » un subtil distingo : le Comité est chargé du  » contrôle externe « , l’AIG du  » contrôle extérieur aux services de polices « . Une nuance qui masque mal les susceptibilités en jeu. L’AIG serait-elle un peu moins indépendante que le Comité  » P  » ? Sur papier, oui. Mais les demandes d’enquêtes individuelles ou d’audits se multiplient à l’AIG. Les chefs de corps et les autorités judiciaires apprécient visiblement son travail rigoureux, à l’abri des pressions partisanes. Seule ressemblance : c’est la même autorité, le ministre de l’Intérieur, qui chapeaute à la fois et les polices et l’Inspection générale, ce qui autorise sans doute certaines interférences.

Le terrain de chasse du Comité  » P  » est bien plus vaste : toute personne ou service exerçant une fonction de police, comme l’Inspection du travail, l’Office des étrangers ou l’AIG elle-même, peuvent subir les investigations des superflics du Parlement. Par rapport au Comité  » P « , l’AIG apparaît plus proche des policiers de leur univers, fortement hiérarchisé, encore très masculin, sans cesse confronté à des problèmes concrets et urgents,  » disponibilité  » oblige. Elle les observe à couvert et à découvert, démasque les ripoux, procède à des arrestations (5 en 2002, 3 en 2003), lave la réputation de fonctionnaires injustement mis en cause, réalise des audits, intervient en médiatrice entre deux policiers brouillés ou entre un policier et un citoyen qui, par exemple, se plaint d’acharnement. L’AIG fonctionne aussi comme instance d’appel pour les engagements, la discipline et procède à l’évaluation des mandataires. Elle met donc ses mains dans le cambouis.

Le Comité  » P  » (soumis au pouvoir législatif) et l’AIG (dépendant du pouvoir exécutif) s’échangent leurs informations en temps réel, en dépit de l’esprit de compétition qui les démange. Il serait du plus mauvais goût, en effet, que les services de contrôle, créés après plusieurs graves échecs – tueries du Brabant, affaire Dutroux – reproduisent une  » guerre des polices des polices « , de celles qui ont contribué à saper la confiance de la population dans la justice. Ces deux institutions (bientôt une centaine de personnes chacune) sont mobilisées à la demande des autorités administratives et judiciaires, voire d’un chef de corps dépassé par l’ampleur d’un problème, ou cherchant un tiers arbitre. Chaque police dispose, en outre, de son propre service de contrôle interne.

M.-C.R.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire